Martine Saussure-Young (苏梦婷), diplômée de l’INALCO en didactique des langues et des cultures (chinois), titulaire d’un master sur le nüshu, a été professeur de FLE (français langue étrangère) à Guangzhou et Paris. Elle est l’auteur du premier site français dédié au nüshu: www.nushu.fr
Devenue aujourd’hui enlumineure-calligraphe, elle crée des œuvres d’art en croisant la calligraphie nüshu avec l’enluminure médiévale occidentale dans une démarche interculturelle : l’enluminure nüshu.
Quelques-unes des oeuvres Nüshu qui seront présentées.
1. Le Nüshu, l'écriture des femmes de Jiangyong
Le nüshu désigne une écriture et une culture minoritaires de Chine, exclusivement transmises entre les femmes brodeuses dans la région de Jiangyong (Hunan).
Fruit d’un contexte sociologique particulier et d’un métissage entre les ethnies Yao et Han, inspirée des caractères chinois transformés par le biais de la broderie et utilisés pour leur valeur phonétique dans le dialecte local, cette écriture poétique basée sur les chants était le vecteur identitaire d’une culture féminine et de sa littérature orale dans les cercles de « soeurs jurées ».
Menacée de disparition avec les changements sociologiques intervenus en Chine au 20e siècle, elle fait aujourd’hui l’objet d’une préservation institutionnelle et survit aussi grâce à de nouvelles adaptations graphiques
2. Les Femmes et l'écrit au Moyen-Age (scribes, enlumineures ou écrivaines)
En Europe au Moyen-Age, il y eut aussi des enlumineurs femmes, d’abord religieuses puis laïques. Au-delà des femmes connues comme Hildegarde de Bingen et Christine de Pisan, des femmes dont on ne connaît souvent que le prénom ont exercé tous les métiers du livre du VIe au XVe siècle. Nous partirons ensemble sur les traces de Madalberta, Ende, Guda, Clarissa et les autres…
3. Le Nüshu, une écriture secrète mise en lumière (enluminure Nüshu)
En Chine, des femmes ont cherché l’accès à l’écrit qu’on leur refusait. A Jiangyong, au Hunan, elles ont inventé vers l’an mille une écriture exclusivement féminine, le nüshu. Elles l’écrivaient entre elles, le brodaient et le transmettaient en chantant. Le nüshu est encore transmis aujourd’hui et je vous présenterai son histoire à travers un manuscrit enluminé que j’ai réalisé en 2015-2016 pour l’obtention du titre d’Enlumineur de France.