« Heures de travail en hausse, pressions commerciales, moins de liberté personnelle, salaires qui stagnent: les conditions de travail des journalistes se détériorent en Suisse.
Malgré tout, la majorité s'estime satisfaite de faire ce métier, révèle un sondage de l’Institut des sciences médiatiques appliquées de Zurich. » (source : dépêche ATS du 12.07.2016) Tout est dit. Le journalisme, c’est d’abord une vocation. C’est travailler pour l’amour de l’art, même si l’expression prête à sourire.
Souvent décrié, jugé, méprisé, stigmatisé, rarement adulé, le journaliste doit encaisser sans (trop) protester. On attend de lui un orthographe et une grammaire irréprochables, de la rapidité, de la réactivité, une culture générale à tout épreuve, un esprit de synthèse, une parfaite maîtrise des dossiers, de l’entregent, des capacités d’écoute, de la curiosité, et j’en passe. Tout ça durant des journées à rallonge, des soirées, des week-ends et des jours fériés. Et c’est sans doute cela qui fait toute la richesse de cette profession.
L'envie de découvrir
Non, le journaliste n’est pas masochiste. Il est juste passionné par son métier, stimulé à l’idée de ne jamais savoir ce qui l’attend en arrivant le matin, fasciné par le monde et les gens qui l’entourent. Il veut découvrir, enquêter, rencontrer, savoir, discuter, gratter, quitte à déranger. C’est d’ailleurs là son rôle : décortiquer, analyser, synthétiser, révéler en dépit des pressions qu’on exerce sur lui.
On entend souvent que les journalistes n’écrivent que ce qu’ils veulent, qu’ils sont manipulés et qu’ils cherchent à influencer l’opinion publique. La théorie du complot prête d’autant plus à sourire dans un pays où la liberté de la presse est garantie et garante d’un véritable système démocratique. Mais c’est là l’apanage du journaliste : savoir encaisser la critique pour oser critiquer à son tour, en toute objectivité et honnêteté.
Les risques juridiques
Au moment de la rédaction, chaque mot – ou presque – est soupesé et analysé. Parce que certains termes sont connotés pénalement et pourraient nous mener tout droit au tribunal, que d’autres sont stigmatisants, voire méprisants.
Certes, il faut aller vite dans un monde où le numérique nous pousse toujours à davantage de réactivité, mais en ne perdant jamais de vue notre mission d’information, le cadre déontologique, la loi, et bien évidemment l’intérêt du lecteur. Dans ces moments-là, l’adrénaline est telle qu’on en oublie la faim, la soif et la fatigue : c’est sans doute pour toutes ces raisons que, malgré des conditions de travail de plus en plus difficiles, 75% des journalistes continueraient à recommander leur métier, selon le sondage de l’Institut des sciences médiatiques appliquées de Zurich.
Article écrit par Caroline Gebhard, Journaliste RP, Lausanne